Mis en service en février 1956, le téléphérique de Belcourt, unique téléphérique d’A.F.N., avait déjà au printemps 1958, transporté depuis, plus de 3.000.000 de passagers. Exploité par la société des Tramways Algérois, il relie en ligne droite et en une seule portée de 234 mètres le quartier de Belcourt au plateau Sesini attenant aux cités de Diar-El-Mahçoul et Diar-Es-Sâada.
Entre les deux stations que séparent 106 mètres de dénivellation, circulent en va-et-vient à la vitesse de 23 Km/h (76 secondes de trajet), deux cabines d’une capacité de 30 passagers chacune.
Des soins particuliers ont été apportés au confort et à la sécurité des usagers qui empruntent le téléphérique à une cadence quotidienne de 47 voyages pour 2.800 voyageurs, le nombre de passagers atteignant le dimanche près de 10.000 personnes. La ligne desservie par le téléphérique dans le guide d’Alger était mentionné ainsi :
« RUE DE LYON – ARRÊT DU MARABOUT SUR LIGNES 2, 2 BARRE, 3 CITE DIAR-EL-MAHÇOUL. »
Pendant ma jeunesse ayant emprunté si souvent ce moyen de transport, j’ai découvert par hasard, un article paru dans la « Dépêche Quotidienne d’Algérie du Dimanche-Lundi 26-27 février 1956 », qui relate à l’époque, l’inauguration de ce téléphérique et bien entendu je me fais un immense plaisir à vous le faire partager.
Inauguré samedi matin,
LE TELEPHERIQUE DU «MARABOUT» a transporté près de 18.000 voyageurs en deux jours.
Enfin tant attendu, le jour « J » du Téléphérique Belcourt-Salembier est arrivé. C’était samedi matin; petite pluie fine qui vous transperçait jusqu’aux os, cabines aux vitres embuées, drapeaux de l’inauguration qui claquaient sous les rafales de vent, personnalités « imperméabilisées »; curieux gosses rangés sous les rampes de lancement, parapluies ouverts des parents prudents et enfin assaut des grilles de l’entrée… par ce que c’était gratuit pour deux jours.
Dans la nacelle officielle ont pris place M. Jacques Chevallier, maire d’Alger, et de nombreux conseillers municipaux, puis MM. De Lavergne directeur des T.A.; Laparre, ingénieur en chef adjoint à la direction; Ebrard, ingénieur de l’exploitation; Godard, inspecteur; Ould Aoudia, Bortolotti, Richier, délégués à l’Assemblée Algérienne; Me Rime, premier adjoint au maire; le Père Beaud, curé de La Redoute… et en route.
10 h 35 ! On quitte le ciel de Diar-El-Mahçoul. La cabine glisse sans difficulté. « Bon graissage », remarque un inquiet. « Confortable », dit un architecte. « Vitesse constante parfaite », note un ingénieur… A mi-chemin, nous croisons la cabine qui monte. On se salue l’espace d’un éclair… de magnésium !
En bas, c’est la foule, la ville, les toits de la rue Chopin, du Bd Amiral-Guépratte, les longs cous des usines, les champs de guimauve… les figuiers, les cactus… Mille cris montent jusqu’à nous. Et nous atterrissons enfin après 70 secondes de vol. Le soupir est général. « Déjà, quel dommage ! »
Tandis que nous sortons quelques instants pour faire « impression », nous sommes accueillis par des visages épanouis, des amis, des parents impatients. A nouveau, les grilles sont prises d’assaut. La remontée s’effectue avec un important contingent.
Jusqu’à midi trente, officiels et premiers curieux effectueront ainsi la navette Salembier-Belcourt, sans se lasser.
A l’heure où nous venions de prendre le chiffre des voyageurs, hier soir, on avait déjà enregistré plus de 18.000 passages. Jamais attraction n’avait eu autant de succès. Voilà de beaux jeudis en perspective, pour les écoliers, les amoureux et, bien entendu, pour les T.A.
Une réalisation dont on peut être fier, car, après tout, « les T.A. » c’est un peu nous tous.
J.H.P.
Bibliographie – Alger Revue – Printemps 1958
Jean-Marc Laboulbène.
NB : Cet article a pu être publié grâce à l’aimable autorisation de l’association « A.F.N. Collection ».
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