Le haut de la rue Adolphe Blassel commence au n° 15, à hauteur de la rue Marey. Elle se termine par le 21, (je crois…) sur la rue Darwin. C’est de cette fenêtre que j’échappais à la surveillance de ma mère et que je m’évadais de la maison pour retrouver mes copains de la rue. Surtout lorsqu’un matcht de foot se préparait sur notre terrain de jeu favori : l’intersection des rues Adolphe Blassel et Marey.
C’est également de cette fenêtre que j’entendais, en provenance de la rue Marey, grossir cette musique typique et si familière des orchestres arabes. Je m’y précipitais pour, l’espace de quelques instants magiques, les voir traverser la rue en dansant.
C’est toujours devant cette fenêtre que, les jours de Ramadan, juste à hauteur de mes yeux émerveillés, descendaient les grands plateaux de friandises arabes jusqu’au four du boulanger.
Et c’est encore devant cette fenêtre que ces même plateaux cuits à point remontaient la rue « en mettant le feu » à mon odorat tout excité.
Je suis parti la semaine avant l’indépendance, mon père la semaine suivante, en laissant l’appartement au garagiste du dessous. Il n’y eu jamais un seul barreau à ces fenêtres.
Jean-Jacques Lalanne