J’ai pour amie une Espagnole,
Une Andalouse de Belcourt,
– Cheveux de jais et jupons courts –
Elle à l’œil vif et l’âme folle…
Je l’ai connue un soir au Minor-Cinéma.
Manuéla, ma cigarière, était si brune !…
On jouait un duo d’amour au clair de lune,
C’était, je m’en souviens, un soir dans la pampa.
Manuéla, Manuéla, dans tes prunelles,
Ma quiétude, à jamais, a sombré corps et cœur,
Et dans ta chevelure au parfum de cannelle
Tu m’as entortillé, mon farouche oiseleur !
J’ai pour amie une Espagnole,
Une Andalouse de Belcourt,
Elle est froide comme une idole,
Plus fière que la Pompadour…
Pour que sa bouche, alors eut daigné me sourire,
J’avais suivi son ombre à travers les guinguettes,
J’aurais abandonné mes droits sur un empire,
J’aurais été jusqu’à porter des rouflaquettes…
Il m’a suffit d’un peu d’argot,
D’un cornet de cacahuètes,
D’un demi-quart de berlingots
Et de quinze sous de brochettes…
Desportes.
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